Possesseur d’un nid d’hirondelles
Un enfant gâté Veut leur donner la liberté,
Et les pauvres petits ont à peine des ailes.
« Soyez libres, dit-il; tout l’est dans l’univers, »
Et la nichée est dans les airs.
Chaque oisillon, enchanté de lui-même,
Encouragé par un premier essor,
En essaye un second, et reprenant encor,
Fait, hélas! naufrage au troisième.
L’un s’écrase en tombant, uu autre meurt de faim,
L’autre est croqué par le chat du voisin ;
Tant qu’à la fin, de la couvée
Aucune tête n’est sauvée.
Laissons faire le temps; tout arrive à son point.
L’à-propos est une science
Que les hommes n’entendent point.
On perd son avenir par trop d’impatience.
Sur un pareil sujet je crains de trop parler;
Un mot en dira plus que cent mille volumes :
Les oiseaux sont faits pour voler,
Mais attendez qu’ils aient des plumes.
“Le Nid d’Hirondelles”
- Jean-Pons-Guillaume Viennet 1777 – 1868