Dans un trouble excité par le Peuple en courroux,
Quand les pierres volaient, genre ignoble de guerre,
Jadis fort usité chez l’ignoble vulgaire ,
Un Grec, homme de sens, un Sage entre des Fous,
Eut aussi sa folie : il accourt, il espère
Des esprits enflammés éteindre la colère
Et ramener la paix. Qu’y gagna-t-il ? Des coups ;
La mort, ou peu s’en faut. Des deux partis contraires
Les Cailloux réunis sur lui seul vont pleuvant :
Il tombe, il demeure expirant Sous un énorme amas de pierres.
L’émeute dissipée, à force de secours,
Quand on eut renoué la trame de ses jours,
Quel fut, lui demandait un Citoyen sensible,
Da ns cette grêle de cailloux,
De tant de coups le plus terrible
Et le plus douloureux pour vous?
Après un long soupir : un seul me fut horrible,
Répondit-il ; d’un seul, oui, mon cœur a gémi :
Non pas qu’il m’ait frappé : dans l’affreuse tempête
Ce coup n’atteignit point ma tête;
Mais il me lut lancé par la main d’un Ami.
De l’inflexible Sort si la loi souveraine
Veut que nous périssions, au moins de sa pitié
Obtenons d’expirer sous les traits de la Haine,
Et non d’une feinte Amitié !
“Le Pacificateur lapidé”