Un paon vantait son beau plumage ;
Un rossignol, son joli chant:
Se louer ainsi n’est pas sage,
Mais que de gens en font autant !
Le paon, dans son orgueil extrême,
Méprisait tout, hors la beauté ;
Le rossignol, de son côté,
Mettait le chant au rang suprême.
La nuit survint fort à propos
Pour terminer cette querelle :
Le plus éclatant des oiseaux
Se perdit dans l’ombre avec elle ;
Et les accents de Philomèle
Acquirent des charmes nouveaux.
Tel est l’avantage ordinaire
Qu’ont sur la beauté les talents:
Ceux-ci plaisent dans tous les temps,
Et l’autre n’a qu’un temps pour plaire.
“Le Paon et le Rossignol”