Morfondu par la pluie, et battu par le vent,
De ses ailes décolorées
Un Papillon étaloit tristement
Aux rayons du soleil les voiles délabrées.
Il voloit de guingois, comme avance le train
Du charretier qui pousse à la roue embourbée
Quand l’autre obliquement prend le haut du chemin.
Témoin de sa manœuvre, et plaignant son destin,
Voici comment alors parloit un Scarabée
Au Papillon : « Quand tu naquis si beau,
» Pourquoi, privé de ce double fourreau
» Dont la nature a recouvert mes ailes,
» Dois-tu souffrir que les tiennes trop frêles
» Bravent l’inclémence des airs ? »
Le Papillon alloit peut-être lui répondre,
Mais un Lézard, caché sous des feuillages verts,
Sur l’interlocuteur fondit sans le semondre.
Le Papillon fut prompt à déloger,
Il retrouve encore des ailes
Pour le servir à point, bastantes, telles quelles.
Mais l’autre insecte, en ce pressant danger,
Point n’eut le temps de requérir les siennes,
Closes trop bien sous leurs solides gaines.
La prudence est à bout, lorsqu’elle entend crier
Sauve qui peut, mot d’ordre aux foibles coutumier.
Quand le moindre retard vous livre à la furie
D’un adversaire redouté,
Mieux vaut Rossinante monté,
Que Bucéphale à l’écurie.
“Le Papillon à un Scarabée “