Certain vieux paon faisait encor la roue,
Chacun admire, chacun loue
De sa queue enrichie et d’or et de rubis
Le brillant éventail. Ainsi de ses habits
Tel faquin prétendra tirer tout son mérite.
S’il s’en tient là, la faute est encore petite ;
Mais notre paon a d’autres appétits :
La louange a gâté de plus rares esprits.
Il prétend à bien autre chose,
A l’esprit, aux talents ; il ose
Au rossignol du chant disputer le grand prix ;
Dans la danse, il veut être un Aumer, un Vestris.
De ses travers plus d’un connaisseur glose,
Mais à maint sot sa jactance en impose,
Malgré sa laide patte et ses ennuyeux cris,
Ainsi l’on voit de par le monde ,
Maints parvenus, maints enrichis
Vous assourdir de leur faconde.
Pour avoir des écus ras son vieux coffre-fort,
Le petit Raphaël, le cas n’est pas étrange,
Le petit Raphaël tranche de l’esprit fort.
Ce Raphaël-là n’est pas l’ange !
“Le Paon virtuose”