Pierre Doré
Fabuliste XIXº – Le Pavot et la Violette
Air : Sortez de vos retraites.
Dans un climat fertile
Où de rians vallons
Offraient les fleurs par mille
Et des toutes saisons ;
Un jour levant la crête,
Le plus vain des pavots
A l’humble violette
Tint ce hautain propos.
De mon berger volage.
Tenez-vous bien à l’ombre,
Dérobez-vous aux yeux ;
C’est le coin le plus sombre
Qui vous convient le mieux :
Prétendez-vous donc plaire,
Et vous faire valoir ?
Vous cacher et vous taire
C’est tout votre devoir.
Je le tiens ce nid de fauvette.
Pour moi, par ma taille superbe
Je fais tout l’honneur d’un jardin ;
Mais vous languissante sous l’herbe ;
Vous n’excitez que le dédain.
En ce séjour dès que l’on entre,
A moi vient le premier regard,
A vous on passe sur le ventre,
On ne vous voit que par hasard.
Quel éclat couronne ma tête !
N’est-il pas bien digne des rois ?
J’embellirais seul une fête ;
De moi chacun ferait son choix.
Je suis la plus parfaite image
Du bel astre qui luit aux cieux :
Et par le plus noble avantage
Comme lui je brille en ces lieux.
Pierre Doré