Fleury Flouch
Sur la toilette d’un boudoir,
A côté d’un pendant d’oreille,
Simple anneau d’or, qui montrait son fermoir,
Une bague brillait, élégante merveille,
Qui de l’artiste avait comblé l’espoir ;
Elle disait d’une voix courroucée :
» Oses-tu bien si près de moi t’asseoir,
» Boucle chétive ?… Eh ! quelle est ta pensée ?…
» Dans l’or, cercle de mon pouvoir,
» Vois de ces diamants la famille enchâssée.
» Qui de nous deux doit ici prévaloir ?
» Eh ! calme-toi, d’où vient tant de colère,
Répondit sagement l’esclave auriculaire,
» Il faut expliquer tes raisons ».
« Je n’ai pas besoin de leçons,
Réplique la bague en furie,
Que dévore la jalousie ;
« Crois-tu que sans dépit je puisse, chaque jour ?
» Dès l’instant où je me réveille,
» Te voir jouir, aussi bien que l’oreille,
» Des confidences de l’Amour ?
» Tu sais tous les secrets qu’on dit à ma maîtresse
» D’accord, ma belle enfant ; mais parlons sans aigreur,
Poursuit le modeste orateur ;
« Tu reçois de l’Amour la première caresse ;
» Ton triomphe, en ce point, est au-dessus du mien.
» D’un joli doigt tu formes le lien.
» N’entends-tu pas le langage sublime
» De ce baiser qui sur la main s’imprime ?
» Tu deviens confidente alors ainsi que moi,
» De la beauté qui nous livre ses charmes,
» Embrassons-nous, dit la bague. Ma foi,
» J’avais bien tort d’écouter mes alarmes. »
Soyons unis, soyons heureux
» Jusqu’au jour où malgré nos vœux
» Dans le creuset se fondra notre gloire :
» Telle est la fin de notre histoire ».
Mortels, qu’un sort officieux
Comble de biens, dans cette courte vie,
Fermez votre cœur à l’envie ;
Elle change en poisons tous les présents des cieux.
Fleury Flouch