L’Enfant le plus choyé, toujours le plus sot.
Un petit chien, empâté de biscuit.
De fins bonbons cl de gimblettes ,
Étouffait d’embonpoint.
Partout il n’était bruit
Que de sa graisse et de ce qui s’ensuit :
Car des talens ! aucun. Or, sur ces entrefaites,
Sa vieille maîtresse mourut;
Et dans les parts qui furent faites
De ses écus, de ses cornettes,
Et du singe, et du chat, et de toutes ses bêtes
Favori, par hasard, échut
A la plus vilaine qui fût
Des trois nièces de la défunte.
Plus de biscuit, encor moins de bonbon ;
Du pain tout sec; si faut-il qu’on l’emprunte.
Bien dur , à la voisine, alors qu’à la maison
Il est trop frais, partant trop bon.
Favori se fit avec peine
A cet ordinaire frugal ,
Et grâce à la vilaine
Qui le traitait si mal,
Sa graisse disparut en moins d’une semaine ;
Mais il y gagna la santé,
L’agilité, El sur-tout l’amabilité :
Tout fut donc pour le mieux,
Ce chien me représente
Un enfant qu’on a dorloté,
Et qui doit plus, en vérité,
Au dur pédant qui le régente.
Qu’aux sots païens qui l’ont gâté.
“Le Petit Chien”
- Antoine Vitallis 1749-1????