Souvent au Luxembourg je vois certain bichon,
Cher bijou d’une vieille, et vrai chien de manchon
Qui contre les mâtins sans cesse se démène
Comme un petit énergumène,
Et, pire cent fois qu’un basset,
Afflige le tympan de son aigre fausset ;
Même j’ai vu parfois ce bichon téméraire
Aux dogues redoutés oser livrer la guerre.
Qu’arrive-t-il alors ? presque tous,
N’apercevant en lui qu’une pauvre pécore,
Et méprisant son vain courroux,
Sont bien loin quoiqu’il jappe encore.
Mais quelque dogue plus ardent,
A notre bichon fait-il face ?*
Lui montre-t-il un peu la dent ?
Et vite, et vite,
Il prend la fuite.
Vous avez, dit quelqu’un, fait un conte ; c’est bien ;
Mais, s’il vous plaît, qu’y vois-je ? un pauvre petit chien
En vain contre les gros jappant à toute outrance.
Moi, de beaucoup d’hommes j’y vois
La débile raison, qui n’élève la voix
Que quand leurs passions restent dans le silence.
Le petit Chien aboyant contre les grands”
- Jean-Auguste Boyer-Nioche, 1788-1859