Léon Rousseau
Poète, officier d’Académie et fabuliste XIXº – Le petit oiseau
Voyez là-haut comme il s’efforce.
Ce beau, mais tout petit oiseau,
Picotant sans cesse l’écorce.
Et le feuillage de l’ormeau ;
A lui sûrement il ne pense,
Mais bien plutôt à ses petits,
A la faim, c’est là ma croyance,
Dans un autre arbre, ailleurs réduits.
Pour vêtement une dentelle
Blanche et noire, avec points d’azur
Au bout des plumes, de chaque aile,
Et sur son chef, l’or le plus pur.
Comme il saute de branche en branche
Riant des griffes du matou,
L’œil fixé sur une avalanche
D’insectes désertant leur trou !
Bien rude, hélas ! est la corvée,
Depuis la naissance du jour,
Quand, là-bas, sa chère couvée
Attend vivement son retour.
Dans le creux d’un arbre elle espère
Son petit repas du matin.
Mais, ne voyant venir son père,
Elle s’impatiente enfin.
Et déjà la petite bande
Est presque toute hors du nid,
Et voudrait — mais elle appréhende —
Sortir, ayant grand appétit.
Mais voici que le père arrive,
Tenant au bec un fort butin.
Il en donner avec sa salive,
A chacun pour calmer sa faim.
Au gîte rentre la nichée,
Contente de son petit lot,
Mais songeant à Vautre bouchée.
Que le père apporte bientôt.
Oiseau, ta conduite me prouve
Qu’il faut être aux siens dévoué,
Mais, sur ce point encor, je trouve
Qu’un tel par son père est joué.
Léon Rousseau
Officier d’Académie.