N’ayant, grâces au ciel, rien à faire de mieux,
Comme au temps de nos bons aïeux ,
Je vais, mes chers amis, vous conter une fable.
Une fable! que dis-je?un fait très-véritable;
Lichtwer m’en est garant ! un Germain ne ment pas.
Dans un manoir champêtre, aimable solitude,
Pour se consacrer à l’étude,
(Méprisant les honneurs et tout ce vain fracas
Que poursuit l’insensé vulgaire)
Un philosophe avait porté ses pas :
Il bénissait son destin sur la terre.
Chez l’ami de Pallas , arrive, certain jour,
Un inconnu: « Je suis, dit-il un sage;
« A te visiter, sans détour
« Je te dirai ce qui m’engage.
« On prise tes talents, tes mœurs, ta probité;
« Mais quelque chose manque à ta félicité;
« Tu n’as point d’or : il faut apprendre
« Comme on en fait. Tu vois devant tes veux
« (Combien cela va te surprendre! )
« Tu vois le protégé, le confident des dieux.
« Mon œil embrasse la nature;
« Il n’est point de matière impure
« Qui ne soit or quand je le veux ,
« Et rien n’est impossible au savant Trismégiste. »
— « Porte ailleurs ton secret, ô sublime alchimiste,
Répond le philosophe: à quoi bon un trésor,
« Lorsqu’à tous mes besoins, d’une main libérale,
« La nature pourvoit?… Savoir se passer d’or
« C’est la pierre philosophale. »
“Le Philosophe et l’Alchimiste”