Le Plaisir exprimait cette plainte au Remords :
« De quiconque à mes lois fait vœu d’obéissance,
Pourquoi viens-tu troubler la conscience
Et mettre l’homme en désaccord,
Lui-même avec lui-même?
Ne suis-je pas le bien suprême?
» Le Remords répondit :
« C’est par trop te vanter ;
Je dis, pour ne pas te flatter,
Que de tous les fléaux qui règnent dans ce monde
Tu fus la source féconde.
Quant à moi, je reproche à chacun son méfait.
Ma mission est un bienfait;
Je sers de base à la morale.
Le bien que je procure, en est-il qui l’égale
Quand je fais d’un coupable un pénitent parfait?
Si quelqu’un à ma voix oppose résistance,
En ce monde, comme aux enfers,
Je torture sa conscience.
Je suis le plus cruel tourment de l’univers ;
Ce qui prouve que l’homme est né pour l’innocence,
Et non pour vivre au gré de ses instincts pervers. »
“Le plaisir et le remords”