Louis Tremblay, l’Esope chrétien
Balançant dans les airs sou fruit chétif et maigre,
Le corps droit et long, un prunier
Parlait ainsi d’une voix aigre
A son gros voisin un poirier :
« Tu fais une pauvre figure,
De t’accroupir ainsi sur le bord du chemin,
D’une telle façon qu’en étendant la main
Chaque passant pourrait prendre une poire mûre.
Regarde-moi dans ma hauteur ;
Au contraire, autant tu les penches.
Autant moi j’élève mes branches
Pour les mettre à l’abri de tout profanateur.
— Eh bien! dit le poirier, avant tout, ce que j’aime,
Moi, c’est de voir des gosiers altérés
Boire à mes fruits dorés…
Et plus je fais d’heureux, plus je le suis moi-même.»
— Cet arbre dont le fruit mûr et délicieux
S’offre à toutes les mains et charme tous les yeux,
C’est l’humble qui s’incline aux vœux de tout le inonde;
Mais avec les fruits secs dont son haut front abonde,
L’autre, c’est l’orgueilleux.
“Le Prunier et le Poirier”
Il n’y a pas de dévouement dans le cœur de celui qui ne sait pas s’abaisser.
(Saint Augustin, philosophe et théologien chrétien.)