Le Rat de la Ville et le Rat des Champs
Un jour le rat des champs poliment invité
Par un de ses amis, gros rat de la cité;
Quand il eut embrassé sa femme et son gamin,
Armé de son bâton il se mit en chemin.
Sur l’air du tra la la la,
Sur l’air du tra la la la,
Sur l’air du tra déri, déra, tra la la.
Grand Dieu ! comme il fait chaud ! se dit-il en courant;
Il me faudra changer de tout en arrivant !
J’ conviens que pour un r’pas c’est un peu trop s’ presser,
Bien sûr durant un an j’suis dans l’cas d’en tousser
Sur l’air du tra, etc.
Sans chaussures, sans gants, notre habitant rural,
Après bien des détours, aborde au pont Royal ;
J’ai perdu l’numéro…mon instinct. Dieu merci,
M’ dit qu’ mon gros citadin n’ demeur pas loin d’ici
Air : l’air du tra, etc.
Il arrive pourtant… les deux couverts sont mis,
Ne devinez-vous pas la gaité des amis ?
Encore une minute, et des mets succulents
Vont renforcer bientôt un grand plat d’ortolans,
Sur l’air du tra, etc.
Tout marche pour le mieux tout abonde à foison;
Déjà sont dégarnis les buffets d’ la maison ;
Quand l’ rustique altéré, s’écri’ : Vilain lourdeau !
Tu ne donnes pas d’ vin, m’ prends-tu pour un rat d’eau !
Sur l’air de tra, etc.
De faire autant de bruit, ami, vous avez tort !
Car dans mon grand palais, on cause un peu moins fort,
Des chats, nos ennemis, toujours prêts à chasser,
Craignons une surprise !… ils nous feraient danser,
Sur l’air de tra, etc.
Morale.
J’ai bien assez, mon vieux, de vos festins de rois,
J’aime mieux mes soupers pris sur le bord d’un bois;
Dans la plaine je vis sans être inquiété,
Et peux dans mes refrains chanter la liberté,
Sur l’air du ira la la la,
Sur l’air du tra la la la, Sur l’air du tra déri, déra, tra la la.
“Le Rat de la Ville et le Rat des Champs”