Un vieux renard, vieux courtisan,
À son fils, engagé dans la même carrière,
Donnait ce conseil : Mon enfant,
J’ai fait de noire prince et de son caractère
Une étude particulière.
Il est bon, généreux et grand ;
(Voyez, tout bas dit-il, si personne n’entend.)
Mais, il est colérique, il est même colère,
Puisqu’il ne met nul frein à son humeur.
Or, quand c’est son auguste cœur
Qui se trouve vraiment piqué dans la colère,
Adressons-nous au cœur directement :
Il revient dès qu’on sait le prendre.
Quant au courroux, il est moins facile à se rendre,
Etant mû par le jugement,
Bien plus que par le sentiment.
La vanité faisant tout son mobile ;
Une soumission bien humble, au moins docile,
Peut l’apaiser ; mais pour l’emportement.
N’étant qu’un ressort mécanique ,
Sans que l’esprit, le cœur y prennent nulle part,
La raison n’étant pas de mise à son égard,
C’est une éruption soudaine, volcanique.
Il faut céder tant qu’il ait eu son cours.
De lui-même presque toujours
Le prince, le premier le trouvant pitoyable,
Vous veut du bien d’avoir pu le souffrir.
Celui de nos amis est plus désagréable,
Et plus pénible à soutenir.
“Le renard courtisan”