Le Renard et la Biche
Reine de la nature sauvage, Artémis
Du bébé animal ne fut pas protectrice ;
Attrape-minon de la promesse essayée
N’en fut pas mieux payé !
Laissez-moi vous écrire
Ce que biche et renard pouvaient poignamment dire.
Un gentil petit faon
Était pleuré par sa mère la biche, au vent
De profonds précipices.
La chasse avait tué son fils.
Elle se sentait obligée
De suivre sa mort tant elle était dérangée.
A côté, un renard de douleur affligé
Boitant bas, ruse au pas, flair en berne, aquigé
De chasseur qu’il était, maudissait le chasseur
Qui l’ayant piégé à son heure
Le rendait ainsi estropié
A en être épuisé, sans aucun contre-pied.
La biche et le goupil au bout de leur destin
Bêtise devant, pour être vu, à dessein
Se jeter au fond des abîmes,
Tressaillirent de raison à l’autre, à la cime
De leur élan vers l’inconnu
Pour mettre fin à leurs calvaires malvenus.
S’éclairant sur leur désespoir
Élevant leurs combats, sans plus broyer du noir
Par émotion compatissante,
Se liguèrent d’une amitié naissante
De forte vérité ;
Lors s’attisèrent ces douces prémices
Grâce à justice et équité
Que stimulait Thémis
Afin que les compères oubliassent leur pente.
Dès lors, exténués aux confins de la sente
L’intelligence aidant à mieux voir l’espérance
Ils reprirent force de leur commune entraide.
L’amitié scellant l’endurance
Des piteux quadrupèdes
Fit, qu’enfin maîtres de leurs douleurs asservies
Leur engouement offrit béatitude suprême.
En fait, on n’est jamais fatigué de la vie
On ne se fatigue que de soi-même.
Daniel Allemand
- Fables et illustrations de Daniel Allemand, blog à visiter…Plumes et Rimes