Au haut d’un chêne un corbeau
Tenait un fromage,
Un renard voyant l’oiseau,
Lui tient ce langage :
Ô que vous êtes charmant !
En vous tout est agrément
La belle figure, au gué,
La belle figure.
Sans mentir, si votre voix
Vaut votre plumage,
Tout ce qui vit dans ces bois
Doit vous rendre hommage :
Il faut vous céder l’honneur
D’être le plus beau chanteur ;
Pour vous quelle gloire, au gué,
Pour vous quelle gloire.
Le corbeau veut à l’instant
Montrer son ramage,
Mais son bec laisse, en chantant
Tomber le fromage ;
Le fin renard s’en saisit,
Le gruge aussitôt, et dit ;
La bonne pâture, au gué,
La bonne pâture.
Tout flatteur vit aux dépens
Du sot qui l’écoute :
Vous n’oublierez de long-temps
Cet avis sans doute :
Adieu monsieur du corbeau,
Soyez plus sage que beau ;
La bonne morale, au gué,
La bonne morale.
Jeunesse, tout compliment
Sur votre figure,
N’est qu’un piège qu’on vous tend,
Soyez-en bien sûre,
Prudemment défiez-vous
De tous ces discours si doux :
Ce sera sagesse, au gué,
Ce sera sagesse.
Pierre Doré
G
M
T
Y
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