Philippe Briola
Fabuliste contemporain – Le renard et les puces
Des puces menaient grande vie
Dans le pelage d’un renard.
Leur naturelle boulimie
Lui donnait bien des cauchemars.
Se gratter ne servait à rien,
Ce sont là des façons de chien.
Il y fallait d’autres moyens ;
Il s’y résolut à la fin.
Un bain n’était pas sa manière
Mais il courut à la rivière.
Il y trempe d’abord la patte,
Il faut bien que l’on s’acclimate.
Puis doucement, tout lentement
Il y descend à reculons.
Les puces fuient l’inondation
Quittent les bas appartements.
Il continue son immersion,
Et l’eau déjà mouille l’échine
Toutes poursuivent l’ascension
Il les sent qui partout piétinent.
Bientôt il ne reste au dehors
Que sa tête comme un îlot.
Les puces en dernier ressort
S’y réfugient en fuyant l’eau.
Et tandis qu’il descend encore
Et que le flot est à ras bord
Les voilà grimpant à l’assaut
Du petit bout de son museau.
Il s’arrêta là pour leur dire :
« Adieu Mesdam’ il faut mourir
Vous n’irez pas beaucoup plus haut »
Puis il mit la tête sous l’eau.
Philippe Briola