Certain Renard Gascon, d’autres disent Normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d’une treille
Des Raisins mûrs apparemment,
Et couverts d’une peau vermeille.
Le galand en eût fait volontiers un repas ;
Mais comme il n’y pouvait atteindre :
« Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. »
Fit-il pas mieux que de se plaindre ?
Autres versions:
Analyses de Chamfort – 1796.
V. 1. . . . Gascon, d’autres disent Normand. Cette incertitude, ce doute où La Fontaine s’enveloppe avec l’apparence naïve de la bonne foi historique, est bien plaisante et d’un goût exquis.
On a critiqué, et bons pour des goujats, et l’on a eu raison ; les goujats n’ont que faire là.
Le Renard et les Raisins illustrée par Grandville
Commentaires de MNS Guillon – 1803.
(1) Certain Renard Gascon, d’autres disent Normand. Veut-on parler d’un de ces fanfarons, qui, à les entendre, n’ont jamais tort, habiles qu’ils sont à sortir d’un mauvais pas par une saillie ? On dit: c’est un Gascon. D’un menteur adroit, cauteleux, qui sait se ménager un sens détourné dans tout ce qu’il dit ? c’est un Normand. Les acteurs de La Fontaine sont des animaux , c’est un Renard : son Renard devient donc naturellement un Gascon ou un Normand, comme on voudra.
On lit dans une comédie :
L’intérêt est Normand, et l’honneur est Gascon.
(Comédie du Triomphe de l’Intérêt, dans le Nouvelliste du Parnasse, T. I. page 66.) Le Renard et les Raisins.