“Du Renard et des Raisins” – Un Renard ayant aperçu au haut d’un arbre quelques grappes de Raisins qui commençaient à mûrir, eut envie d’en manger, et fit tous ses efforts pour y atteindre ; mais voyant que sa peine était inutile, il dissimula son chagrin, et dit en se retirant qu’il ne voulait point manger de ces Raisins, parce qu’ils étaient encore trop verts et trop aigres.
Autre version
” Le Renard et les raisins “ – Un renard affamé, voyant des grappes de raisin pendre à une treille, voulut les attraper ; mais ne pouvant y parvenir, il s’éloigna en se disant à lui-même : « C’est du verjus. »
Pareillement certains hommes, ne pouvant mener à bien leurs affaires, à cause de leur incapacité, en accusent les circonstances.
Ἀλώπηξ καὶ βότρυς
Ἀλώπηξ λιμώττουσα, ὡς ἐθεάσατο ἀπό τινος ἀναδενδράδος βότρυας κρεμαμένους, ἠβουλήθη αὐτῶν περιγενέσθαι καὶ οὐκ ἠδύνατο. Ἀπαλλαττομένη δὲ πρὸς ἑαυτὴν εἶπεν· “Ὄμφακές εἰσιν.” Οὕτω καὶ τῶν ἀνθρώπων ἔνιοι τῶν πραγμάτων ἐφικέσθαι μὴ δυνάμενοι δι‘ ἀσθένειαν τοὺς καιροὺς αἰτιῶνται.
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Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
De Vulpe et Uva
Famé coacta vulpis alta in vinea
Uvam appetebat, summis saliens viribus.
Quam tangere ut non potuit, diseedens ait :
Nondum matura est, nolo acerbam sumere.
Qur, facere quae non possunt, verbis elevant,
Adscribere hoc debebunt exemplum sibi.
- Phedre – (14 av. J.-C. – vers 50 ap. J.-C.)
Le Renard et raisins
Certain Renard, mourant de faim, convoitait des raisins qui pendaient d’une treille élevée. Il sauta de toute ses forces, mais il n’y put atteindre. « Ils ne sont pas mûrs, et je ne veux pas les cueillir pendant qu’ils sont verts, » dit-il en s’en allant.
Ceux qui méprisent ce qui est au dessus de leur portée, doivent prendre cet exemple pour eux.
- Fable de Phedre traduite par Ernest Panckoucke ‘ 1808 – 1886) édition 1839
Le Renard et les raisins
Les plaisirs coûtent cher ! et qui les a tous purs ?
De gros raisins pendaient ; ils étaient beaux à peindre,
Et le renard n’y pouvant pas atteindre,
Ils ne sont pas, dit−il, encore mûrs.
Ce renard, dans le fond, était au désespoir.
On croit qu’il dit après, avec plus de franchise :
Les raisins étaient mûrs ; mais toujours l’on méprise
Ce qu’on ne peut avoir.
- Isaac de Benserade – (1612 – 1691)
Le Renard et les Raisins
Certain Renard Gascon, d’autres disent Normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d’une treille
Des Raisins mûrs apparemment,
Et couverts d’une peau vermeille.
Le galand en eût fait volontiers un repas ;
Mais comme il n’y pouvait atteindre :
“Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. ”
Fit-il pas mieux que de se plaindre ?
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)
Le Renard et les Raisins
Un Renard ne pouvant atteindre aux Raisins d’une treille, dit qu’ils n’étaient pas mûrs, et qu’il n’en voulait point.
Quand d’une charmante beauté,
Un galant fait le dégoûté,
Il a beau dire, il a beau feindre,
C’est qu’il n’y peut atteindre.
- Charles Perrault – (1628 – 1703)