— Vil parasite ailé, voleuse insupportable,
Oses-tu, souillant cette table,
Toucher à ces mets avant moi ? —
C’est ainsi que parlait un roi
A certaine mouche indiscrète ;
Mais, la riposte toute prête,
La mouche à ce roi répondit:
— Je suis un parasite ailé, sans contredit,
Et montre trop de gourmandise ;
Pourtant, souffrez que je le dise,
Mille autres indiscrets, commensaux de la cour,
Méritent bien mieux, chaque jour.
Cette vive mercuriale.
Ah ! pour eux la faveur royale
N’a que des grâces à donner. —
— Hein ! Qu’est ceci ? Voyons. – Daignez me pardonner ;
Mais tout ce monde qui vous presse,
Toujours louangeant, souriant,
Cette foule qu’on voit sans cesse
Vous escorter en mendiant,
Ne lui devez-vous point ce nom de parasite ?
Que de morceaux divins elle touche avant vous!
Et vous gardez votre courroux
Pour une pauvre mouche ! — Explique-moi bien vite
Quels sont ces êtres malfaisants? —
— Je parle de vos courtisans.
“Le Roi et la Mouche”
- Alexis Rousset , 1799 – 1885