David Claude
Fabuliste contemporain – Le Roquet et Le Rat
Un roquet, aboyeur impénitent,
Bavardait avec son ami le rat
Qui subissait les attaques d’un chat.
« Je suis rendu à l’état d’indigent,
Dit le rongeur ; coriace est la matou.
– Mords-lui la queue ! Le cat,
C’est connu, à cet appendice délicat.
– C’est blague de toutou !
– Allons, compère, où est passé ton courage ?
– Mais le monstre met tant d’ardeur et tant de rage
A m’attraper dès que je montre le museau.
– Tu parais vermisseau
Devant bec d’oiseau !
Mords-lui donc le cuisseau ! »
Ensuite notre cabot
Oublia le rat pour ne parler que de lui.
« Il n’est pas né celui
Qui me prendra pour cette sorte de sot,
Encore moins s’il est de cette race poltronne. »
S’ensuivit des moi,je… , si c’était moi…
« Ça c’est de la confiance en soi,
Fit le rat. – Je te le dis : j’ai peur de personne.
– Tout de même, je crains qu’il me dévore.
– Tu es bien dehors, pas vrai ? Et tu vis encore ! »
Les deux amis se promenaient toujours
Et le chien bavassait autant lorsque soudain
Le chat apparut, regardant avec dédain
Le rattus, qui vit venir la fin de ses jours.
Heureusement, avec lui était son copain.
En bon samaritain,
– Le rongeur en était certain -,
Il lui apporterait son soutien…
…Seulement, voyant le minet plus gros que lui,
L’ami fidèle avait fui.
Féroce comme le loup se disait le chien
Mais le roquet vantard
Tenait plus du peureux renard.
Maintes personnes par le langage
Se gratifient d’un grand courage,
Mais, tout verbal courageux comme notre clébard,
Au moindre danger, détale tel un couard !
David Claude