« Vil insecte, retire-toi,
Disait à la chenille une rose naissante :
Tu ternis ma fraîcheur ; ta vue est rebutante ;
Tu corromps l’air autour de moi.
Rosier, à qui je dois la vie.
Sois sensible à ma peine et venge mon affront :
C’est ma plus cruelle ennemie. »
Le rosier l’entendit ; le châtiment fut prompt.
Des zéphyrs de son voisinage
Il invoque aussitôt le souffle officieux,
Et les voilà soufflant à qui mieux mieux.
A l’instant le rosier, de feuillage en feuillage.
Voit rouler à ses pieds cet insecte odieux.
Mais, grâce à sa métamorphose.
Chenille, devenue un papillon charmant,
Vint quelque temps après courtiser cette rose,
Qui l’accepta pour son amant
« Quoi ! lui dit le rosier, cet objet de ta haine
Par toi se trouve encouragé.
Tu revois aujourd’hui sans peine
Ce hideux petit ver en papillon changé !
Malgré tout l’éclat dont il brille.
C’est le même, sans contredit.
Tu l’avais rebuté lorsqu’il était chenille ;
Pour te captiver, ô ma fille !
Il n’a fait que changer d’habit. »
“Le Rosier”