H. Agniel, fabuliste Français est aujourd’hui tombé dans l’oubli.
Fables nouvelles, par M. H. Agniel. Paris, 1829; Firmin Didot. In-18, grand raisin, de 424 pages; Ce recueil est composé d’un prologue et de 143 fables , divisées en 6 livres, et dont la plus ancienne, à notre connaissance, la Statue renversée (la XXe du liv. 11), a paru dans l’Almanach des Muses de 18o5. On voit que M. Agniel n’a pas suivi l’usage constamment adopté aujourd’hui par nos jeunes auteurs, qui prennent à peine le soin de relire leurs compositions, et qui se pressent de les offrir à l’admiration contemporaine, persuades sans doute de cette vérité que;
Le tems n’épargne pas ce qui n’est fait sans lui.
FABLES :
Son assistance ne suffit pas non plus pour imprimer un cachet de durée aux ouvrages pour lesquels on n’a pas attendu l’inspiration ; elle seule est la condition indispensable de tout succès, et la critique a souvent l’occasion de vérifier la justesse de ce mot de notre premier auteur comique :
Le tems n’a rien à l’affaire.
Le prologue de M. Agniel et les notes qui l”accompagnent nous apprennent qu’il a composé un recueil d’idylles, dont plusieurs ont été imprimées dans les Veillées des Muses, journal rédigé autrefois par MM. Vigée, Laya, Legouvé etc. ; et nous croyons que son caractère et la nature de son esprit l’appelaient à obtenir plus de succès dans ce genre que dans celui de la fable, pour lequel il faut peut-Être, sous un air de bonhomie et de simplicité, un bon fond de malice et de causticité. Ce prologue, du reste, est consacré presque entièrement par l’auteur à peindre des malheurs personnels, à la confidence desquels le lecteur s’intéresse bien rarement, à moins qu’on n’ait l’art de lui en déguiser la sécheresse et l’ennui par l’attrait des détails et de la nouveauté. Nous y apprenons que M. Agniel a perdu ses économies et le fruit de vingt années de travaux par un procès injuste ; que son frère, receveur-général du Tarn, bon, bienfaisant, équitable, a laissé une fortune considérable, au partage de laquelle il n’a pas été appelé, quoiqu’il eût reçu, du vivant de ce frère, les témoignages Les plus touchants de son amitié ; qu’il n’a embrassé la profession des lettres que pour se consoler, et non par une vocation bien décidée; qu’il ne leur a jamais consacré que ses loisirs, et que des circonstances impérieuses ont seules retardé la publication de son recueil, qui aurait dû paraître depuis longtemps…. Mais nous nous apercevrons, à notre tour, que nous n’avons encore parlé que do l’auteur, et point de son ouvrage.
- ENCYCLOPÉDIQUE, OU ANALYSE RAISONNÉE PAR UNE RÉUNION DE MEMBRES DE L’INSTITUT . TOME XLII. PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPÉDIQUE, CHEZ SEDILLOT, LIBRAIRE, RUE d’ENFER SAINT-MICHEL.AVRIL-JUIN 1829