Le rossignol et la grenouille
Un rossignol contait sa peine
Aux tendres habitants des bois.
La grenouille, envieuse et vaine,
Voulut contrefaire sa voix.
Mes sœurs, écoutez-moi,” dit-elle,
C’est moi qui suis le rossignol;
Vous allez voir comme j’excelle
Dans le bécarre et le bémol.”
Aussitôt la bête aquatique,
Du fond de son petit thorax,
Leur chanta, pour toute musique,
Brrre ké. ke kex! coax! coax!
Ses compagnes criaient merveilles;
Et toujours, fière comme Ajax,
Elle cornait à leurs oreilles,
Brrre ké ké kex! coax! coax!
Une d’elles, un peu plus sage,
Lui dit: “Votre chant est fort beau;
Mais montrez-nous votre plumage,
Et volez sur ce jeune ormeau.”—
Ma commère, l’eau qui me mouille
M’empêche d’élever mon vol.”—
“Eh bien! demeurez donc grenouille
Et laissez-là le rossignol.”
“Le rossignol et la grenouille”