Au fond d’un bosquet solitaire , le Rossignol, chantant l’hymne de la nature , célébrait le retour du printemps, et L’écho redisait ses accents mélodieux. Non loin de là se trouvait un Coucou , enfoncé dans le creux d’un arbre. Les chants du Rossignol l’importunent. Il veut mettre fin à une mélodie si désagréable et si fatigante pour les oreilles d’un Coucou. Il sort de son trou , et s’approche. « Petit oiseau , dit-il au Rossignol, qui semble être si fier de ton chant, sais-tu que la voix n’est rien comparée à la mienne, et que mon chant dont retentissent au loin les échos, efface celui de tous les rossignols du monde? Cesse donc d’importuner par tes interminables roulades les paisibles habitants des bois. Sache que c’est à moi de célébrer le retour du printemps.Et si tu ne veux pas t’en rapporter à mon témoignage , prenons pour juge cet Ane qui pait là bas au milieu des chardons. » Le Rossignol y consent; l’Ane est pris pour arbitre. Le Rossignol commence, et tire de son gosier des sons qui auraient ravi tout autre qu’un âne. Le baudet peu satisfait remue dédaigneusement ses longues oreilles. Le Coucou chante à son tour; et tous les environs retentissent de son unique et ravissant concert: Cou-cou, Cou-cou ! L’Ane alors se dresse > admire , applaudit. « C’est à merveille , s’écrie-t-il , en adjugeant le prix au Coucou , ce chant ressemble beaucoup au mien » Puis, il se mit à braire.
Le Rossignol, le Coucou et l’Ane, par Romain Perrin , de Nantes.