David Claude
Fabuliste contemporain – Le Sage Abarnakat et Le Pilier
Pour son fils, le sage Abarnakat
Avait préparé le repas :
Il lui tendit son écuelle.
Le jeune garçon sans cervelle,
Dont famine criait le ventre
( Pour la jeunesse, c’est chose fréquente ),
Etait posé contre le pilier du centre
De la case, soutenant la charpente ;
Il la saisit des deux mains et ses bras
Ceignaient le pilier. Avec tracas,
Il dit : « Je ne peux pas manger, papa.
– Et pourquoi cela ? s’étonna Abarnakat.
Qui donc t’en empêche ? – Le pilier.
– Le piler ? Voyons voir. » Puis il réfléchit.
Enfin son esprit quelque peu singulier
Trouva la clef, alors il se munit
De sa hache et abattit
La colonne centrale.
L’enfant, dont s’accrue la fringale,
Remercia son père et mangea. Soudain,
Le toit s’écroula, brisa l’écuelle
Et le repas prit fin.
La formule n’est pas habituelle
Mais pour clore cet apologue,
Je laisse l’épilogue
A Jean Dutourd et ( un peu revus ) à ses mots :
C’est le propre des idiots
De se tirer d’un cas fâcheux
En tombant dans un désastreux. »!
David Claude