Mille oiseaux, tous chanteurs, de leur joli ramage
Faisaient retentir un bocage.
—Chantez, petits mignons ! chantez, rien n’est si doux,
Leur dit d’un ton moqueur une pesante Outarde.
Pour moi, de chanter je n’ai garde ;
Mais je suis plus grasse que vous.
— Un Serin lui répond : lia chose est manifeste ;
Mais si ton seul mérite est dans ton embonpoint,
Va, crois-moi, ne t’en vante point:
Ce don pourrait t’être funeste.
— En achevant ces mots, par un commun malheur
Ils tombent l’un et l’autre aux rets d’un oiseleur.
En faveur de sa voix le Serin obtint grâce,
Bientôt même il jouit du plus heureux destin,
Tandis que l’Outarde si grasse
Fit dès le jour suivant les honneurs d’un festin.
D’un côté, c’est l’esprit; de l’autre, l’ignorance.
Lecteurs, tirez la conséquence.
“Le Serin et l’Outarde”