Un singe plein de malice
Désolait ses voisins,
Bouchant les puits ou gâtant les chemins,
Et se moquant de la police.
Dans ses procès, il avait pour soutien
Un certain chat, avocat, mais vaurien,
Et qui, par sympathie,
Défendait âprement sa partie ;
Si bien que ces messieurs
De leur côté mettaient tous les rieurs.
Le lion, instruit de leur conduite,
Se les fit amener, et, leur affaire instruite,
Sa Majesté rendit en parlement
Ce jugement :
Toi, singe, dans ton fait tout plein d’impertinence,
Ta malice le cède à ton extravagance ;
Je t’interdis et te donne un tuteur.
Et toi, matou, qui crois pouvoir en conscience
Au profit des méchants employer ta science,
Tu n’es qu’un sot, ou tu n’es qu’un flatteur ;
La robe que tu profanes
Ne doit couvrir des méchants ni des ânes.
Défense à toi dès aujourd’hui
De te mêler des affaires d’autrui.
En plus d’un lieu si l’on jugeait de même,
Que de gens à rabat prendraient la face blême !
Qu’on en verrait, recevant leur paquet,
Saluer l’auditoire et vider le parquet !
“Le Singe et le Chat “