Henri CACHAU
Peintre, poète et Fabuliste contemporain – Le Tribunal…
non ils ne craignaient pas le jugement d’autrui
mais le leur devenu sujet à controverses
avec un inculpé qui bien qu’il fût des leurs
avait désavoué sa meute sa fratrie…
un corrupteur humain était intervenu
et à leurs yeux plus perçants que ceux du bipède
plus que leur pauvre frère paraissant coupable
sereins envisageaient sa culpabilité…
il était temps force reviendrait à la loi…
non différents dans leurs caractères et besoins
pour référence ils prirent l’homme pour témoin
pareillement chez ceux-ci les crimes et délits
les mauvaises actions et pire les dénis
pourrissent de chacun ce pauvre quotidien
déjà fort assombri par ce qui fait chagrin
leur savoir prochain d’une mort inéluctable…
ce tribunal s’en souciait manifestement
il était composé d’imposants magistrats
de vrais ténors du barreau des as du prétoire
dont les barrissements et autres grognements
enthousiasment public experts et journalistes
ces derniers soulignant leurs joutes oratoires
quant aux jugements ne s’en retiennent les peines
les grands procès privilégiant les mises-en-scène…
d’un vieux chat-huant et de chouettes chenues
devant juger cette affaire fort délicate
puisqu’il en allait selon du jour le menu
d’une compromission plutôt indélicate
d’un loup devenu chez l’homme contractuel
après avoir fatigué d’une vie d’errance
sans aucun regret abandonné les siens
choisissant d’ignorer sa native méfiance
avait frappé chez le berger son ennemi…
un certain courage lui avait donc fallu
sans justification aller faire allégeance
chez l’adversaire y arguer de l’intelligence
de sa meute de stratégies de lui connues
pouvant lui permettre à très brève échéance
de mettre fins aux méfaits de ses congénères
vilains sujets violents barbares sanguinaires
ayant décimé souvent les meilleurs troupeaux
sous l’œil de gardiens inattentifs ou couards
ayant dû préserver la vie de leurs agneaux…
si le berger enfin lui octroyait confiance
la question salariale c’était entendu
serait proportionnelle aux services rendus…
commis d’office un vieux perroquet poursuivit
invoqua l’amour d’une louve maternelle
des problèmes d’intégration en résultant
pour un louveteau devenu influençable…
mêmement assujetti à l’évolution
eut-il dû net refuser les propositions
d’êtres humains identiquement carnassiers
qui eux aussi chassent garnissent leurs carniers…
avança l’idée d’une vraie jurisprudence
une suggestion imprudemment avancée
qui conduisit les loups à tous se récrier…
aucune espèce jamais n’y trouva son compte
chez elles ni princes ni marquis ni vicomtes
aucune compensation jamais ne trouvèrent
à côtoyer l’homme qui les domestiqua…
quant au procureur un vieux dindon bienveillant
s’il accabla le parjure s’en prit à l’homme
ayant profité on le connaît malveillant
d’une profonde détresse qu’il sut en somme
mettre à profit en lui proposant ce contrat
hélas léonin que l’animal aux abois
satisfait de trouver pitance et toit signa…
Néanmoins sa responsabilité courrait
sa subite désertion avait fait école
s’y était ajoutés les propos d’un Éole
proférés en l’air souligna une chouette
ce qui fit l’assemblée que l’on connaît girouette
rire aux éclats puis vint la délibération…
coté jury le dilemme restait entier
s’ils ne pouvaient innocenter le jeune loup
ayant l’ordre naturel contesté d’un coup
ils tiendraient compte des manœuvres du berger
lui ayant été facile de subjuguer
un louveteau forcément déstabilisé
qui ne fut pas le seul à répondre à l’appel
de ce qui deviendrait un mode artificiel…
lequel de ses jurés lui jetterait la pierre…
comme entendu ce louveteau fut acquitté…
une fois débarrassés de leurs robes et toques
le vieux chat-huant et les chouettes chenues
dubitatifs gagnèrent leurs forêts profondes…
nul ne parlerait d’esclavage consenti
plutôt s’invoquerait un changement d’époque
il serait bien temps de jouer les ressentis
au tout dernier moment effectuer un roque…
Henri CACHAU
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