Maximilien Emmanuel-Charles de Malon
Qu’on calcule, qu’on apprécie
Tous les projets qu’on forme dans la vie,
C’est le curé qui sur son sort comptoit,
Et la fable du pot au lait.
Un jour sous un épais feuillage,
Pierrot avoit pris un oiseau.
Il le cacha sous son chapeau ;
Puis il vole au prochain rivage,
De joncs, d’osiers faire un faisceau,
Afin d’en construire une cage.
Sur ce butin réfléchissant,
Pierrot dit : j’en ferai présent,
Pour un doux baiser, à Nannette.
Ah ! si je l’obtiens une fois,
J’en prendrai deux, j’en prendrai trois.
Que ma cage n’est-elle faite !
Enchanté d’un projet si beau
Il revient avec son faisceau.
Amour rend sa course rapide ;
Quelle douleur ! un vent perfide
Avoit retourné le chapeau.
Adieu les baisers et l’oiseau.
“Le Villageois”