De l’empire des Pharaons,
Un voyageur entreprit la revue.
Du Nil les inondations
Arrêtèrent d’abord sa vue.
La richesse des moissons,
Le volume des oignons,
L’abondance des cotons,
L’excellence de l’igname,
L’utilité du sésame
Et les couleurs du carthame
Fixèrent aussi ses regards ;
Mais, pour l’hiéroglyphe ainsi que la momie,
Le Voyageur fut sans égards ;
De l’utile et du bon il avait la manie.
Un jour devant ces monuments
Dont l’Age est de quatre mille ans,
Il marchait sans lever la tête,
Quand une grosse voix l’arrête :
Sans saluer notre grandeur,
Oseras-tu passer, ô Voyageur stupide !
C’était la grande Pyramide.
Non. Je vous dois un mot, répond le Voyageur.
Votre règne est fini, ne soyez plus si fières.
Apprenez, vil amas de pierres,
Sans goût, sans grâce et sans utilité,
D’une postérité
Éclairée, équitable,
Ce jugement irrévocable :
Vous attestez tout à la fois
Les souffrances du Peuple et le néant des rois.
“Le Voyageur et les Pyramides”