Une endive étriquée, mince plutôt que fine,
Apostropha hautaine la laitue sa voisine :
« Quelle impudeur, ma sœur, votre robe à volants,
Vêtez-vous, justes cieux, bien plus modestement !
Car alanguie ainsi parmi le maraîchage,
Vous donnez l’impression d’une fille peu sage,
Et tout en exhalant vos rustiques senteurs
Vous faites fuir, en plus, jusqu’à mes acheteurs. »
L’infortunée laitue, outrée par cette pique,
Rassemblant ses esprits, aussitôt lui réplique :
« Vous n’êtes, cousine, qu’une sainte-nitouche
Qui bien perfidement s’émeut et s’effarouche.
Engoncés et serrés dans votre agencement,
Vos arômes appauvris n’ont plus aucun piquant
Et leur fadeur suivie de vos vertus infimes
Les condamnent, à coup sûr, aux menus de régime. »
Les teintes et les goûts ne se comparent pas,
Le faire, assurément, mène à quelques faux pas.
“L’endive et la laitue”