Antoine-Pierre dutremblay
Poète et fabuliste XVIIIº – L’Enfant et la Confiture
« Oh ! que c’est bon la confiture !
» S’écriait un petit bambin,
« Je voudrais bien, soir et matin, »
N’avoir pas d’autre nourriture. »
— « Quoi ! mon fils, à tous tes repas ?
» Tu crois que d’autres mets ne te tenteraient pas ? »
— » Tous ces mets font un mauvais chyle .
— » Mon fils, que vous êtes habile !
— » Je tiens cela de monsieur le docteur.
— «Il faut vous contenter, je veux votre bonheur ;
» Prenez ces pots, je vous les donne. »
— « Ah! maman ! que vous êtes bonne !
» Je vous aime de tout mon cœur.
» Vous me dites souvent : quel métier veux-tu faire ?
» Maman, je serai confiseur ;
» C’est un état très-nécessaire :
» Je réponds de l’apprendre avec beaucoup d’ardeur.
» Le jour, le lendemain, toujours la confiture,
Constamment à tous ses repas.
Trois jours passes, on en est las.
Le bambin fait triste figure.
Un jour de plus, il n’y tient pas,
Et pour se tirer d’embarras,
Prend une petite tournure.
Bonne maman l’attendait là :
« Quoi ! mon fils, dégoûté déjà ?«
Sobriété dans toute chose,
Mon ami, c’est l’art de jouir.
Pour faire durer le plaisir,
Ne le prends qu’à petite dose.
Antoine-Pierre dutremblay