Simonnet annonçoit un méchant caractère:
à le morigéner chacun perdoit son temps.
C’étoit un villageois, il n’avoit que douze ans,
& déjà ne trouvoit de plaisir qu’à mal faire.
Les Bergers le fuyaient : lorsqu’il venoit aux champs,
il frappoit sans pitié les troupeaux innocens,
enlevoit un agneau quand il tettoit sa mère,
& lorsque du hameau, quelque jeune Bergère
admiroit ses appas , au bord d’un clair ruisseau ,
le malin enfant troubloit l’eau ,
étant bien sûr de lui déplaire.
Des amours au printemps il étoit la terreur.
Dénichant, détruisant les hôtes du bocage ,
de tous les nids il troubloit le bonheur.
Si le sévère Aréopage
avoit décidé de son fort,
dans Athènes jadis il eut souffert la mort ;
mais chez nous, grâce au Ciel, on a plus d’indulgence,
Laissons venir l’expérience,
nous verrons Simonnet changer :
c’est le meilleur moyen , je pense ,
que l’homme ait pour se corriger.
L’Enfant et la Ruche par A. vj – Almanach des muses, pour l’année 1783
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