Vois l’enfant dans ses jeux : parfois il se façonne
Un mors qu’il place sous sa dent.
Il y pend par un nœud une corde qu’il donne
A son compagnon qui la prend.
Tout fier de sa métamorphose,
Bien prêt au métier de cheval,
L’oreille en l’air, la bouche close,
De son automédon il attend le signal.
Au premier coup, voilà qu’il bondit ; il s’élance,
Il s’arrête, il piaffe, il hennit ;
On le dirait, ma foi, dressé par Franconi,
Tant il montre d’obéissance.
Le peuple aussi, comme l’enfant,
Se fait souvent bête de somme,
Et de son maître qui l’assomme
Adore le fouet triomphant.
“L’Enfant et le Mors”
Auguste de Juge de Pieuillet, 1797 – 1863