Lucien Duc
Littérateur et fabuliste XIXº – L’Enfant et le Ver à Soie
Un jeune enfant s extasiait
Devant un humble ver à soie,
Et dans ses yeux, brillants de joie,
L ‘Intelligence souriait.
Fixé sur un brin de bruyère,
Le ver fabriquait son cocon,
Ce beau tissu gaze légère,
Dont il se fait une prison.
Doué d’un zèle infatigable,
Dans son travail il s’absorbait ;
A la vue il se dérobait
Avec une adresse admirable.
— « Papa ? dit le petit garçon,
« Voyez donc ce ver, comme il file !
— Ce ver te donne une leçon,
« Mon fils, il te dit : « Sois utile !
« Tout arbre doit porter des fruits ;
« Chacun doit accomplir sa tâche ;
« Celui qui vit oisif est lâche :
« On juge l’homme à ses produits. »
Travaille donc, enfant, travaille ;
Le travail donne le bonheur :
La vie est un champ de bataille
Où la victoire est au labeur !
Lucien Duc, L’Enfant et le Ver à Soie