Cette fable nous plaît, me disaient mes enfants ;
Eh bien ! Pour ajouter à nos délaissements,
Donnez suite à cette aventure.
J’y consens ; écoutez… Des malices du Chat
Fanfan qui pleure encore, avec lui fit rupture.
Il achète un Oiseau, plus douce créature,
Qui déjà dans son cœur a remplacé l’ingrat.
De ses peines l’enfance aisément se console.
Ce n’est pas que parfois un coup de bec donné
Ne fit crier le petit drôle.
Mais le tort d’un ami bientôt est pardonné.
Comment ne pas aimer ce joli camarade
A qui son doigt sert d’échelon ?
Quel plaisir le matin d’entendre sa roulade,
De s’endormir le soir au bruit de sa chanson !
Aussi, de millet, d’herbe fine
La cage ne désemplissait ;
Aussi, d’eau pure et cristalline
Jamais l’auge ne tarissait.
Hélas, comme un éclair, le bonheur brille et passe !
Et le bien, trop souvent, habite auprès du mal.
Le Chat, qui dans un coin dévorait sa disgrâce,
Dans les mains de l’Enfant aperçut son rival.
L’amitié ne va pas sans quelque jalousie ;
On sait qu’elle est sœur de l’Amour.
Or, d’un tel sentiment cette bête saisie,
Méditait quelque mauvais tour.
Pendant que le marmot caressait le plumage
De l’aimable chanteur qui charmait son loisir,
Le traître fait un bond ; et sourd au doux ramage,
Croque, aux yeux de Fanfan, sa joie et son plaisir.
On dit que de sa mort, l’âme préoccupée,
L’Enfant pleura toute une nuit ;
Mais sitôt que l’ombre s’enfuit
Il s’alla consoler avec une poupée.
“L’Enfant, le Chat et l’Oiseau”