François mettait particulièrement sa gloire à faire rire les autres enfants par toutes sortes de grimaces et de singeries. Aussi avait-il fait de grands progrès dans cet art.
Un bateleur vint un jour dans la ville avec des singes, et il les faisait voir pour de l’argent. François y alla avec son père, et y fit ses petits tours et ses sottes grimaces alternativement avec les singes ; mais les autres enfants riaient plus des singes que de lui, et disaient que ceux-là l’entendaient beaucoup mieux.
Quand on eut regardé les singes assez longtemps, et que la compagnie voulut se retirer, le père prit François par la main, alla avec lui vers le maître des singes, et le pria de garder François auprès de lui, afin qu’il put se perfectionner avec les singes, puisque, malgré toutes les peines qu’il avait prises, il n’était pas encore aussi avancé qu’eux, et que cependant il faisait consister tout son mérite à être un singe.
Oh ! bien volontiers, monsieur, dit le maître ; j’élèverai bien vite votre jeune élève à cet honneur : et là-dessus il voulut enfermer François avec les magots. François eut grand peur, rougit de sa folie, et pria son père de lui pardonner encore, qu’il ne le ferait plus. Le père se laissa émouvoir. François tint sa parole et se donna beaucoup de peine pour se déshabituer de ses singeries ; mais il en avait déjà pris une si grande habitude que, étant devenu grand, il laissait encore quelquefois échapper malgré lui des grimaces qui le rendaient ridicule.
“L’Enfant qui imite le Singe”
- Hippolyte de la Courcelle, 18..