L’Epée au soc disait un jour :
Votre sort doit avoir bien de quoi vous déplaire ;
Ou gisant tristement dans l’ombre d’une cour,
Ou rampant sous le joug et déchirant la terre,
Sans cesse dans la fange ou sur un sol pierreux,
Vil instrument d’un art et d’une gent rustiques,
Non, je ne connais point d’état plus malheureux.
Pour moi, terrible agent des rois, des républiques,
Toujours entre les mains de Mars ou de Pallas
La mort, à mon signal, avec l’horreur s’assemble ;
Eclair et foudre tout ensemble
J’étincelle, je frappe et porte le trépas.
Dans des fleuves de sang j’inonde les campagnes,
De morts et de mourants j’élève des montagnes,
Et je fais sous le joug courber les nations.
Je hais, répond le soc, votre gloire barbare ;
J’aime mieux des humains préparer les moissons
Que d’ouvrir sous leurs pas les gouffres du Ténare.
Vous ne couvrez leurs champs que de tristes cyprès,
Et je les enrichis des trésors de Cérès.
“L’Epée et le Soc”