Hésiode
Poète, antiquité – L’Épervier et le Rossignol

Maintenant, je vais raconter une fable aux rois de la terre, s’ils ont la sagesse de l’entendre. Un épervier avait saisi un rossignol harmonieux; il l’emportait dans les nues, et l’innocent oiseau, percé d’une serre barbare, pleurait amèrement. L’impérieux épervier lui tint ce langage : Malheureux ! Pourquoi cet inutile effort et ces vains cris ? Te voilà retenu par une puissance plus forte que la tienne, et tu vas où je te mène, malgré l’empire de tes accents. Il m’est aussi facile de faire un souper de toi que de te rendre la liberté.
C’est une folie de se battre contre une force supérieure; car non seulement on n’obtient pas la victoire, mais on voit aggraver ses peines par la nouvelle insulte qu’on reçoit. C’est ainsi que parla l’épervier au vol étendu et rapide.
Hésiode, L’Épervier et le Rossignol