Au sein d’un champ de blé croissaient certains pavois,
Que l’on nomme coquelicots ;
Le champ en était rouge. Or, sur sa tige blonde,
Un orgueilleux épi, s’il en fut dans le monde ,
Murmurait hautement : il disait que Cérès
Souffrait à tort dans ses guérets
Un végétal emblème de paresse.
On doit bénir notre déesse:
Elle fait croître le froment,
Grain qui de l’homme est l’aliment.
Mais à quoi donc est nécessaire
Le suc assoupissant d’un pavot? O mon frère !
Répondit l’humble fleur à l’orgueilleux épi,
Tu nourris l’homme, et je le sers aussi :
Mon baume bienfaisant, en coulant dans ses veines,
Lui donne le sommeil et l’oubli de ses peines.
“L’Epi et le Pavot”
- Alexandre Coupé de Saint-Donat- 1775-1845