Dont pourceau s’engraissait dans une basse-cour,
Suivant son appétit on réglait sa pitance.
Là, comme un gras chanoine, ayant lesté sa panse,
Il dormait le reste du jour.
L’ennui vint l’accabler au sein de l’indolence.
Un attelage de chevaux.
Que dès l’aurore matinière
Il voyait occupés des plus rudes travaux,
A ses réflexions offrit ample matière :
Ils lui semblaient si gais en dépit de leurs maux !
Comme ils se disposaient à quitter la litière,
Le porc va les trouver et leur tient ce propos :
« Amis, expliquez-moi comment il peut se faire
Que je tombe en langueur, moi dont l’unique affaire
Est de manger. Dieu sait! de ronfler tout mon sou.
Tandis que vous, sans cesse à la misère en proie,
Toujours la selle au dos et le collier au cou,
Vous donnez des signes de joie;
Qu’ai-je dit? bêtes ! en tout temps
Je vous vois dispos et contents. »
Le doyen des chevaux, hérissant sa crinière.
Lui dit : « O roi des fainéants !
Veux-tu savoir en deux mois le mystère ?
C’est que l’ennui naît de l’oisiveté,
Et que le travail seul est père
De la joie et de; la sauté. »
“Les Chevaux et les pourceaux”