(inspiré de la Fable “Conseil tenu par les rats” de Jean de La Fontaine)
Revenons un moment sur l’incroyable histoire
D’un grelot qu’il fallait au cou de Rodilard,
Car Jean a clos son récit sur une assemblée
Qui, plutôt que d’agir, n’a fait que discuter.
Une vermine ayant agi avec courage
Finit par accrocher la clochette au pelage.
Si bien qu’à chaque déplacement du matou,
Les rats pouvaient s’enfuir illico dans leur trou.
Au bout de quelques temps, on se réunit de nouveau
Pour se féliciter de la fin du fléau.
Et on trouva le contexte tellement peinard,
Qu’on vota de l’appliquer aussi au renard.
Sur ces entrefaites, on lui mit une sonnette
Pour, au cas où, prendre la poudre d’escampette.
Si bien qu’à chaque déplacement du rusé,
Les rongeurs se mettaient de suite à détaler.
On fit une fête afin de se délecter
De l’épilogue d’une autre calamité.
On vivait maintenant avec tant de bonheur,
Qu’on pensa faire ça sur tous les prédateurs.
Ainsi, cloches, alarmes et autres sifflets
Furent mis au cou du serpent et du furet.
On y ajouta pour une paix bien réelle
Le blaireau, la chouette et le faucon crécerelle.
Une fois chose faite, on se crut à l’abri
Alors qu’en fait tout alla de mal en pis.
Si avant on vivait faisant fi des tracas,
Maintenant on entend le moindre petit pas.
Le problème étant qu’il n’y a pas plus hostile
Que d’avoir la nature en guise de domicile.
Ainsi les rats restèrent terrés en leur demeure,
Ne sortant plus tant ils étaient transis de peurs.
Les ding dong devant sonner la vie de bohème
Se révélèrent avoir un ton de requiem.
Au final il vaut mieux vivre en ne sachant pas
Qui, quand ou bien quoi pourrait vous sonner le glas !
Les Cloches funestes, FRONTCZAK Emmanuel
extrait du recueil “Les Nouvelles Fables, livre II”