Édouard Parthon de Von
Poète, homme d’état et fabuliste XVIIIº – Les Colombes et le Milan
S’allier aux méchants, c’est assurer sa perte.
Les colombes et Le milan
Vivaient, depuis longtemps, dans une guerre ouverte ;
Mais l’oiseau de Vénus, par son rapide élan.
Les détours de son vol, la force de ses ailes,
Échappait aux serres cruelles.
Voyant bien qu’autrement il ne peut réussir,
Le ravisseur a recours à l’adresse.
Au peuple roucoulant, eu ces mots, il s’adresse :
« Faut-il donc toujours nous haïr ?
« Rester jour et nuit sous les armes
« Et vivre ainsi dans les alarmes ?
« Un intérêt commun devrait nous réunir.
« Choisissez-moi pour roi; ma force, ma puissance,
c Vous défendront de toute offense;
« Vous pourrez en repos boire, manger, dormir. »
La colombe est simple et crédule :
Chacune accepte avec empressement.
Le tyran, les tenant enfin sous sa férule,
En croque une premièrement,
Pour célébrer le jour de son avènement;
Le lendemain une autre ; ainsi de son empire
Chaque jour est marqué par quelque cruauté,
Et d’un meurtre nouveau son bec ensanglanté.
Ses sujets gémissants étaient forcés de dire :
« Le Ciel, hélas! dans sa rigueur,
« Nous punit justement de notre imprévoyance
« Et d’une coupable alliance;
« Nous méritons notre malheur.
Édouard Parthon de Von