Quand le bon La Fontaine, en l’une de ses fables
Du Monomotapa nous montre deux amis,
De prendre ici les miens, je crois qu’il m’est permis.
On les nommait partout les deux inséparables.
Damon dit à Florval : A toi seul j’ai recours ;
Dans le plus vif besoin j’implore ton secours.
Tu sais, par mes aveux, que la charmante Irène,
D’amour, depuis long-temps, me fait porter la chaîne ;
Mais j’ai beau soupirer et gémir chaque jour,
Irène et ses parens rejettent mon amour.
Va les trouver, Florval ; ton aimable éloquence
Pourra fléchir leurs cœurs : c’est ma seule espérance.
— Souviens-toi, dit Florval, que, dès nos premiers ans,
D’être toujours amis nous fîmes les sermens :
Embrassons-nous : adieu; je veux partir sur l’heure,
Et d’Irène ce soir je verrai la demeure ;
Notre amitié viendra m’inspirer, m’échauffer :
Le zèle de Florval pour toi va triompher.
Il dit, part ; et déjà de Damon voit la belle ;
Lui parle… en est épris, et s’unit avec elle.
“Les deux Amis par Boyer-Nioche”
- Jean-Auguste Boyer-Nioche, 1788-1859