Certain jour un augure avec un sien confrère
Riait du stupide vulgaire,
Et du vol des oiseaux et des poulets sacrés.
— Pourtant, grâce aux poulets, nous sommes honorés ,
Répond l’autre. Il ne faut, mon cher, quoi qu’on en dise,
Mépriser notre marchandise.
Si nous ne croyons pas, faisons croire les sots ;
Tonnons contre les indévots.
Gloire à jamais aux divins aruspices !
L’encens est pour les dieux , pour nous les sacrifices.
— Fort bien – mais dans le monde on se fait brocarder,
En soutenant un absurde système.
Pour prêcher, il faut croire. — Il faut bien s’en garder !
Ah ! mon cher , le bonheur suprême
Pour un augure est de persuader
Ce qu’il n’a jamais cru lui-même.
“Les deux Augures”
- Alexandre Coupé de Saint-Donat- 1775-1845