Dans les déserts de la Mauritanie,
Deux chasseurs musulmans trottaient de compagnie,
Lorsque l’un d’eux aperçut un lion :
« Oh ! ho ! voilà, dit-il, une superbe proie
Que la fortune nous envoie.
Quelle admirable occasion
De signaler notre courage !
Je vais sur ce gaillard fondre comme un orage ;
Regardez bien. » Disant ces mots, il fait trois pas.
Maître Léo, qui ne s’arrête pas
Aux vains discours que le chasseur débite
S’avance avec dessein de faire bon repas
Du fanfaron qui s’enfuit au plus vite
Et près de son ami s’abrite
En un lieu sûr. « Eh bien ! dit l’autre compagnon,
L’avez-vous tué ? » — « Ma foi, non ;
Malgré tout mon désir de lui chercher querelle,
Je n’ai pas eu le cœur de trouer peau si belle. »
“Les deux Chasseurs”