Deux chiens, se trouvant d’aventure.
Ils se regardent trait pour trait ;
L’un étoit tondu, l’autre avoit
Une magnifique fourrure ,
Et de plus un très-beau collier.
Le tondu rompît le premier
Le silence en disant à l’autre :
Ah ! quelle fortune est la vôtre
De paroitre ainsi bien vêtu ,
Tandis que moi je suis à nu !
N’en juge point par l’apparence;
Ce long poil que tu trouves beau ,
Reprit l’autre chien, sur ma peau
Abrite une maudite engeance
Qui me cause mainte souffrance »
Et toi, grâce à l’heureux ciseau ,
Tu vis libre de ce fléau.
C’est là le cas de l’opulence.
“Les deux Chiens”
Cette fable est tirée du recueil que don Joseph-Augustin Ibanez de la Renteria.
- Jean-Espérance-Blandine de Laurencin – 1733 – 1812