Deux Gourdes, l’une de peau,
L’autre en tôle de fer,
L’une pleine de vin
Et l’autre remplie d’eau
Voulaient franchir une rivière ;
Voici ce qu’il advint :
La commère hydrophore
Dit d’abord :
-L’eau, moi ça me connaît,
Ce liquide est mon fort,
J’en transporte à longueur d’année
Il va devoir me rendre la pareille.
Quant à vous, mon amie,
Au vu de votre alcoolémie
Due au jus de la treille,
Je pense qu’il serait plus sage
Que vous cuviez un tantinet
Avant de tenter le passage…
Mais la Gourde avinée
Répond qu’elle n’en a cure
Que ce n’est pas là sa première biture,
Qu’elle peut sans danger tenter cette aventure
Et, sitôt dit, se jette à l’onde,
Bien trop profonde,
Qui l’engloutit.
– Quelle abrutie !
Je l’avais pourtant avertie…
Ainsi périt l’intempérant !
Ce genre de petit accident
Ne risque pas de m’arriver à moi,
Qui vit dans la sobriété…
Puis cette Gourde de sauter,
Sans hésiter,
Dans le courant où elle se noie.
Le dicton depuis, fait florès :
Qu’importe le flacon
Et qu’importe l’ivresse ;
Quand on est con, on est con…
“Les deux Gourdes”